Le 15/09/2022 à 16:41

TOP 14 – Il est l’un des nouveaux visages du Stade français. Titulaire samedi dernier contre Castres, Nadir Megdoud, qui ne sera pas sur la pelouse de Jean-Bouin samedi pour affronter Bayonne, en raison d’une blessure à un mollet, a connu un parcours atypique. Flash-back.

 

Le Stade français a-t-il trouvé son « ovni » ? Sans doute est-il encore trop tôt pour l’affirmer. Mais Nadir Megdoud, dernier arrivé, un peu à la surprise générale, dans les rangs de l’effectif parisien, a tout du joueur tel que le sélectionneur du XV de France Fabien Galthié le définissait à l’instant d’employer cette nouvelle onctuosité verbale dont il a le secret depuis sa prise de pouvoir. Le nouvel ailier parisien n’a pas un parcours de vie comme les autres. Au contraire. Il compte parmi ces joueurs aux parcours atypiques, à l’expérience de vie plus riche que celle d’un pur produit du confort ouaté d’un centre de formation n’ayant connu que les rails menant au rugby professionnel. Certes, il a débarqué chez les Pros à l’âge de 19 ans à Brive, après avoir débuté le rugby au Rugby Créteil Choisy en région parisienne et être passé par la pouponnière de Massy. Mais la suite n’a rien de linéaire.

Huit matchs de Top 14 dont six en tant que titulaire lors de la saison 2017/2018, il marque deux essais lors de la 14e journée, face au leader du championnat de l’époque, Montpellier. Las, il se blesse et doit mettre un terme à sa saison rapidement. Il ne rejouera plus avec le CAB de Nicolas Godignon. La raison ? La lassitude le gagne. « Je ne me sentais plus très bien là-bas, raconte-t-il aujourd’hui. J’étais loin de ma famille, mes amis et ma région me manquaient. J’ai donc demandé au club de me libérer, ce que le président Simon Gillham a gentiment accepté. Il a compris ma position. » Et pour cause. Megdoud n’a alors nulle envie de rejoindre un autre club professionnel. Il met un terme à sa carrière à seulement 21 ans. « Je ne prenais plus de plaisir, explique-t-il. J’avais juste envie de jouer avec des potes, de m’amuser. Dans la vie, j’essaie de toujours faire ce que j’ai envie et ce que j’aime. »

« C’est en Fédérale 2 que j’ai pris conscience de la valeur du travail »

 

Une nouvelle étape de vie s’ouvre alors. Il répond aux sollicitations du club de Beauvais, club de Fédérale 2. Là-bas, il y a certains de ses potes. Il dit « banco ». « Pour nous, c’était une aubaine, se souvient Jean-Pierre Lalloz, l’entraîneur de l’époque. Athlétiquement, il était hors-norme pour le niveau auquel nous évoluions. Mais j’ai surtout senti un gamin qui avait juste envie de retrouver le plaisir du jeu, le plaisir du partage avec ses copains. Et puis, il s’est retrouvé dans un club qui prenait soin de lui. A Beauvais, il existait au sein du groupe. » Il y jouera deux saisons, une montée en Fédérale 1 à la clé. « Paradoxalement, dit-il, c’est à Beauvais, en Fédérale 2 que j’ai pris conscience de la valeur du travail et que j’y ai pris goût. » « Très vite, je me suis douté qu’il retournerait dans le monde professionnel, souligne encore Jean-Pierre Lalloz. Il en avait toutes les qualités. Il a pour lui d’être un gros travailleur. Simplement fallait-il qu’il s’adapte à la dureté de la compétition et au degré d’exigence. Parce que la Pro D2 ou le Top 14, c’est un autre monde. » Un monde qui le séduit de nouveau. « L’envie d’y regoûter m’a effectivement titillé, confie l’international algérien. Et ça s’est bien goupillé car c’est le moment où Nicolas Godignon qui m’avait lancé à Brive a repris le club de Rouen en Pro D2. »

Vous suivez toujours ? Nadir Megdoud devient très vite l’une des armes principales du club normand. L’an passé, il cumule 22 titularisations, 8 essais et quelques exploits personnels. Au point d’être considéré comme une référence à son poste en Pro D2. Et ne passe pas inaperçu. Des formations de Top 14 s’intéressent à lui, se renseignent et le courtisent. « J’ai rencontré les dirigeants du Racing, révèle-t-il, mais depuis que je suis tout petit mes deux clubs, ce sont le PSG et le Stade français. Mon choix, c’était une évidence.« 

Évidemment, il y a un hic. Megdoud n’est pas en fin de contrat. Mais la possibilité de rejoindre les Soldats roses est plus forte. Très vite, les dirigeants de Rouen le comprennent et, par la voix de leur président Eric Leroy, publient au cœur de l’été ce communiqué : « Malgré un contrat courant jusqu’en juin 2024, Nadir Megdoud a tout fait pour quitter le RNR dès cette saison. En dépit de la déception du club qui a relancé la carrière du joueur, le RNR va de l’avant et prépare activement sa nouvelle saison avec l’ensemble de son effectif, joueurs et staff, tous impliqués dans notre projet. » Encore une fois, le nouvel ailier du Stade français fait ce qu’il a envie, ce qu’il aime. Un état d’esprit qu’il souhaite mettre au service du club de la capitale en pleine reconstruction. « A Brive, je manquais sans doute de maturité, assure-t-il avec un peu de recul. Mais aujourd’hui, je suis dans les meilleures conditions possibles pour donner le meilleur de moi-même. Je ne suis pas loin de ma famille, de mes amis et dans mon club de cœur. » Avec cet objectif, non dénué d’humour : « Jouer le plus possible parce que 28 matchs en pros pour un mec de 25 ans, ce n’est pas beaucoup. »